A partir d’une intervention de Monsieur Bollon, Expert international en évaluation des systèmes et des apprentissages (Unesco).

20 janvier 2014, Besançon

En commençant par lire le monde de demain…

Le monde de demain

Jusqu’en 1975, la modernité donnait à penser qu’à l’avenir, il n’y aurait plus de pauvres, plus de guerres, que les jeunes vivraient mieux. La modernité c’est la confiance dans le progrès. La modernité c’est le mythe du progrès (Prométhée : le voleur de feu). Exemples : vaincre les maladies ou l’analphabétisme, les enfants quittent l’école en étant autonomes…..

Cette époque est révolue depuis 1968. Aujourd’hui on constate un décalage entre les niveaux des diplômes et les emplois, des enfants analphabètes…

Après 1975 : la post modernité appelle à voir le monde autrement (Touraine). On observe une dissociation entre la vie publique et la sphère privée. Le discours public n’a rien à voir avec les actes dans le privé = éthique. Ce qui caractérise la post modernité c’est la dissociation et le changement permanent : Narcisse. Convaincre est le maître mot, c’est à dire vaincre avec les autres.

Le défaut de compétence n’est pas un handicap. C’est l’absence d’éthique qui pose problème. C’est la qualité majeure de l’éducation : l’éthique.

Le monde de demain repose sur l’aptitude de quelqu’un à profiter de l’imprévisible. Dans l’école de demain il s’agira de préparer les élèves à être disponibles à ce qu’ils n’attendent pas.

Trois critères pour penser le monde de demain

Premier critère : l’autonomie (Conformité = j’ai la même forme que les autres ; Autonomie = je prends la forme que je veux).

Deuxième critère : la responsabilité.

Troisième critère : la reliance

Des critères pour caractériser le monde de demain :

– la complexité

– l’incertitude

– L’imprévisibilité

Dans ce cadre le projet est une hypothèse de travail et non un but à atteindre.

 

Repères pour l’école de demain

L’école de demain c’est l’école des élèves. C’est une école où c’est la trajectoire qui importe et pas les résultats.

L’enfant passe les 9/10ème de son temps hors de l’école et on sait que l’apprentissage se fait en dormant. L’école n’est donc pas le seul vecteur d’apprentissage, mais, un lieu privilégié pour mettre en cohérence les apprentissages.

L’enseignant est un passeur d’apprentissage. Il a donc changé de métier, changé d’identité professionnelle. Il se donne le droit à l’erreur. Les équipes sont accompagnées… Le changement de métier peut se faire progressivement par le système de la tâche d’huile, avec une stratégie de démultiplication…

Les champs de capacités des enseignants de demain

Ils sont les experts de l’apprentissage des autres.

– Ils savent de quoi ils parlent et ils sont pluridisciplinaires jusqu’au bac, car ils travaillent sur la complexité. (Pas plus de 10h en frontal)

– L’enseignant connaît au moins 4 théories de l’apprentissage (pour faire de la remédiation il faut changer de théorie). Il connaît au moins 4 à 8 styles cognitifs pour pouvoir les croiser, observer les rituels d’apprentissage : comment l’élève apprend, en faisant quoi… Pour les élèves en difficulté il est essentiel de retrouver des rituels d’apprentissage.

Le travail d’équipe est un incontournable.

La formation continue obligatoire.

L’avenir

Des projets partagés entre les établissements

Des compétences complexes

Une relativité du contrôle

Une école inclusive

Un pilotage partagé

En termes de résultats note système est condamnable et condamné.

L’école de demain sera autre où elle ne sera pas.

 

Les missions de l’école de demain

  • Transmette les connaissances, des valeurs et une culture (les deux dernières font la partie éducation. Les trois sont non négociables).
  • Préparer chaque élève à quitter un niveau de scolarité capable de réussir au niveau suivant.
  • Former un citoyen autonome responsable capable d’esprit critique.
  • Réduire les inégalités sociales (celles qui coulent le système)

 

Indicateurs de réussite éducative pour l’école de demain

– L’élève est capable de dire ce qu’il sait faire dans ce qu’il a appris. Il dispose d’un portefeuille de 10 à 12 compétences pas plus, construit à partir de situations et pas d’activités. Les entreprises recrutent sur des capacités (transférables). Les situations ne sont pas très nombreuses. Les activités elles peuvent être multiples.

– Le portfolio d’apprentissage : basé sur les capacités et sur leurs évolutions. Le portfolio d’apprentissages témoigne d’une reconstruction du processus de développement des capacités, seules transférables. C’est le principe de la validation des acquis de l’expérience.

– Tout élève qui quitte une classe ou un cycle devrait connaître des éléments de son portefeuille de compétences et comment il peut progresser. Il devrait être capable de dire ce qu’il va faire de ses acquis, quel est son projet personnel de développement.

Un élève autonome est un élève qui, dans ces trois champs, est capable de dire quelque chose ou de montrer quelque chose : ce qu’il sait faire, comment il fait pour savoir-faire, ce qu’il va devenir…

Ces trois outils là et leur maîtrise par les enseignants et par les élèves sont ceux qui feront que le système perdurera ou non.

Capacités à travailler dans l’école de demain

  • Sélectionner les informations
  • Comprendre des consignes
  • Structurer sa pensée
  • Travailler en équipe (Création des espaces collectifs de travail). Définitions : Travail de groupe = centré sur une tâche limitée, travail d’équipe = en lien avec un projet, qui nécessite un accompagnement, dans la durée… en gardant une trace…
  • Les capacités de langue : parler, lire, écrire, comprendre.

L’important sera de dire aux élèves, chaque année, ce qu’ils sauront faire dans ces différentes capacités en fin d’année.

Le métier d’enseignant dans l’école de demain

Le métier d’enseignant n’a pas d’avenir car le savoir est extérieur à la personne.

Le problème porte sur l’accès au savoir, comment le co-naître, le faire renaître en soi : comment transformer le savoir en connaissance, comment le transformer en savoir faire (stratégie d’utilisation) et lui donner du sens.

Dans ce cadre le métier d’enseignant évolue de « distributeur de savoir » vers facilitateur d’apprentissage (le métier d’enseignant de demain = passeur).

Quelques indicateurs pour lire la réalité des établissements

A gauche se trouvent les indicateurs d’un modèle cartésien, c’est-à-dire ceux correspondant à l’école telle qu’elle fonctionne aujourd’hui. Centrée sur elle-même, sur le respect des règles, des procédures extérieures à la personne…

A droite, le modèle de demain…

Travail de groupes/travail d’équipe

Savoirs/connaissances

critères/indicateurs

Programmes/Projet

Démarche/méthode

Connaissance/compétences

Performances/capacités

Compliqué/complexe

Référent/référé

Evaluation/contrôle

Indicateurs/critères

Former/Accompagner

enseigner/éduquer

Action/projet

Méthodes/Démarches

Diriger/Piloter

Conformité/Autonomie

Réformer/Refonder

 Comment lire la réalité d’un établissement ?

Chaque enseignant peut donner les définitions qui sont pour lui celles de chacun des concepts.

Chaque établissement peut évaluer en équipe où il en est par rapport aux deux points de repères que sont les deux concepts de chacun des couples…

Etymologie

Apprendre vient du verbe prendre, prendre ce qui est dehors pour le faire entrer en soi. Comprendre c’est prendre avec soi. Apprendre et comprendre sont les clés de l’apprentissage. On peut savoir sans connaître. La différence entre savoirs et connaissances est un des fondamentaux de l’éducation. La visée de l’apprentissage : permettre à l’apprenant de maîtriser ce qu’il a besoin de connaître pour agir sur le monde, pour « entreprendre ».

Définition psychanalytique (Freud)

Apprendre : c’est investir de désir un objet de savoir

  • investir = faire le tour et entrer, renvoie à l’idée d’une stratégie personnelle de l’apprenant,
  • désir = sens, l’objet de savoir est sans vie, mort. L’apprentissage consiste à lui donner vie

Quelques repères sur le processus d’apprentissage

Le savoir étant extériorisé, il est nécessaire d’avoir un médiateur entre le savoir et l’apprenant. L’enseignant est un expert des apprentissages des autres, sans forcément être un expert du savoir.

Une compétence acquise repose sur 80% de connaissances.

Dans le processus d’acquisition d’une compétence pour un adulte, 50% du travail repose sur du sens (j’ai besoin de..). On n’apprend que ce qui a du sens. Si non l’apprentissage consiste juste à mémoriser pour redonner et oublier.

La deuxième dimension est celle du savoir-faire (comment je vais faire pour acquérir la compétence).

La troisième est celle de la connaissance (ce que j’ai besoin de savoir).

A l’école, aujourd’hui, c’est souvent le processus inverse qui est mis en place pour les élèves.

L’apprentissage ne peut se faire que si l’apprenant a une représentation positive de son apprentissage. L’important est dans la façon positive pour l’apprenant de regarder son parcours  d’apprentissage, à partir du couple donné à l’avance : critères/indicateurs.  (L’indicateur est toujours dans le réel). Il est donc nécessaire de donner aux les critères, les indicateurs.

Pour que les élèves réussissent, il est nécessaire de leur montrer un travail réussi (de leur montrer comment faire). Sans travail réussi, on tue la créativité et donc l’apprentissage…

Ce que l’élève doit savoir pour être capable d’apprendre

  • Qu’est-ce que je fais (activité terminale complexe, processus),
  • Dans quelles situations (dans quel contexte : procédure),
  • Comment je « montre » ce que je sais faire (ce que l’on va regarder : les critères et les indicateurs) ?

On apprend toujours tout seul. La façon de construire est individuelle.

Quelques « couples » à travailler

Programmes/Projet

  • Programme = ce qui est écrit d’avance.
  • Tout ce qui n’est pas écrit d’avance = projet, projet d’apprentissage.

Démarche/méthode

  • Démarche = façon universelle de penser, transférables, mises en oeuvre de modèles. L’analyse de pratiques vise la recherche de modèles, la mise en place de démarches.
  • méthode = façon personnelle d’agir non transférable. Les échanges de pratiques visent le partage de méthodes.

La notion de compétences

Etre compétent c’est agir dans le monde qui nous entoure. Donc, toute personne qui agit  dans le monde est compétente. Etre compétent c’est être capable de faire quelque chose de complexe et de pouvoir l’évaluer.

La compétence c’est utiliser les ressources que je porte en moi… La compétence c’est la mobilisation des savoirs faire  en situation. Les compétences ne se transfèrent pas.

Les enfants qui entrent à l’école ont des compétences que l’école ne reconnaît pas car elle se centre sur les compétences scolaires uniquement.

A l’école, la centration sur l’éducation formelle interdit la pédagogie des “entre apprentissages”.

 

Des couples sur lesquels travailler

  • Connaissance/compétences : savoirs et savoirs faire
  • Performances/capacités : La performance mesure ce que l’élève sait  faire par rapport à une norme. La capacité est ce qu’il est potentiellement capable de faire. La capacité c’est  ce qui reste  quand on a perdu les compétences. La capacité n’est pas évaluable, elle est transversale (prendre une décision…)
  • Compliqué/complexe. Compliqué, c’est plier ensemble, au sens étymologiques (on déplie et on retrouve tous les éléments).

Complexe, c’est tisser ensemble, au sens étymologique.

  • Référent/référé.

Référé = état du réel (renvoi à l’idée d’indicateurs).

Référent = modèle construit (renvoi à l’idée de critères pré établis).

Un Référentiel = tout ce que l’on fait pour faire bouger le référé vers le référent. Le programme est figé, le référentiel bouge au fur et à mesure des avancées.

Un référentiel n’est pas enfermant, il ouvre, il permet la différenciation…

Des couples fondamentaux

Evaluation/contrôle

Evaluation = mettre en évidence si les attendus sont là, mettre en valeur des progrès, des acquis… Evaluer c’est dire la plus-value pédagogique. En évaluation il n’y a pas de bonnes réponses, il y a des réponses et l’absence de  réponse est une réponse

Evaluer c’est produire du sens. L’évaluation renvoie au sens, à la valeur et aux personnes.

Pour évaluer il faut être deux. Etre évaluateur c’est adopter une posture dans un système. Pour dire la valeur d’un projet il faut être dedans et donc perdre une partie de son pouvoir et se mettre en danger.

Evaluer  s’est comparer une réalité avec un attendu écrit d’avance. Exemple : Lire une copie  (référé) en comparaison avec un référent.

Comparer, analyser, construire un jugement de valeur sur la base des  critères… Pour prendre des décisions et agir, voilà la définition de l’évaluation.

Contrôle

Dans le contrôle rien n’est négociable. Il vise à donner toutes les directives et donc à tuer l’autonomie.

L’excès de contrôle entraine une perte des valeurs. L’excès de contrôle tue l’apprentissage. L’élève développe des stratégies et des indicateurs extérieurs à lui… qui ne lui permettent pas de comprendre, mais parfois de réussir (Pour le bac, par exemple)

Le contrôle ne peut pas être un outil de pilotage…

Il est nécessaire de définir ce qui doit être contrôlé de ce qui doit être évalué (dans un projet d’établissement, par exemple).

Pour penser l’école de demain,  la réflexion doit porter sur le couple contrôler/évaluer. Une meilleure distinction permettra de faire avancer le système.

 

Indicateurs/critères

Les indicateurs revoient aux attentes prédéfinies, à la notion de référent. Les critères constituent l’outil d’accompagnement des élèves pour la  réussite d’une tâche. Les critères sont à définir avec les élèves. Ils sont les bases des pratiques d’évaluation.

La question de la note

Les notes sont dans le champ du contrôle et pas de l’évaluation. On ne peut pas, on ne doit pas tricher avec les notes. Noter c’est se centrer sur le résultat et non sur une comparaison entre un référent et un référé sur la base de critères. La notation n’est pas objective. L’évaluation a pour finalité la réduction de la subjectivité.

En contexte scolaire

La notation n’a pas d’avenir, car le contrôle est extérieur  à la personne qui apprend.

Le moyen (la note) est devenu la valeur… donc l’outil d’évaluation…

Or, évaluer avec des notes peut être considéré pour l’enseignant de l’ordre de la faute  professionnelle.

Du côté de l’apprenant

Un apprenant se pose toujours deux questions :

– Est-ce que je suis normal ?

Une question à laquelle on doit répondre en situant la personne par rapport à un groupe de référence. C’est la fonction du contrôle.

– Où j’en suis sur ma propre trajectoire ? Où j’en suis et qu’est-ce qui me reste à faire ? C’est la question de l’évaluation.

Une question qui nécessite d’annoncer à l’apprenant où il doit arriver (annoncer les critères et indicateurs) et le chemin déjà parcouru et à parcourir.

Les modalités pédagogiques pour évaluer

Pour évaluer à la fin des apprentissages, il faut obligatoirement avoir évalué au début de l’apprentissage. S’il n’y a pas de trace au départ, il n’est plus possible de parler d’évaluation. On parle alors de contrôle.

Comment prendre, au départ, des informations qui seront la boîte à outils, le corpus à partir duquel on va agir ?

En France on cherche ce qui n’est pas là… On cherche la faute. En fait, évaluer c’est analyser les adéquations ou non entre référent et référé pour construire un jugement de valeur dans son champ d’expertise (c’est à dire que ce jugement de valeur ne porte pas sur la personne), pour choisir un champ d’actions possibles.

Dans l’évaluation l’enseignant est co-responsable d’où des hésitations pour certains enseignants car c’est une prise de responsabilité qui engage.

L’évaluation des compétences

On peut contrôler chacun des éléments de la compétence, mais, on ne peut pas contrôler la compétence. On ne peut que l’évaluer en entrant dans le projet de l’apprenant, en recherchant comment les choses se passent pour lui. L’élève va dire, par exemple, que, malgré les explications, il ne comprend pas.

Eduquer c’est tirer l’autre hors de lui-même… Il est donc nécessaire de savoir où l’on veut qu’il aille. C’est une fonction de l’évaluation.

La distinction entre Former/Accompagner

 

Former c’est mettre la centration sur le résultat du processus d’apprentissage.

 

Accompagner c’est mettre l’accent sur le processus

Accompagner c’est aider l’apprenant à s’équiper pour prendre des décisions. Pour accompagner l’autre il est nécessaire d’accepter de laisser ses modèles de référence pour l’aider à construire son propre modèle de développement

Accompagner quelqu’un  c’est  l’aider à modifier son système de représentation. Encore faut-il connaître ce système de représentation et se donner les moyens de le connaître. Pour cela, l’entretien d’explicitation est un bon outil (Christian Wermersch). Expliciter  et savoir-faire expliciter est une des compétences clé de la réussite de l’accompagnement.

Un apprenant a besoin de savoir qui il est avant de savoir ce qu’il veut  faire. Comprendre son propre mode de fonctionnement amène à l’autonomie (je me donne mes propres lois).

Le meilleur outil d’accompagnement c’est celui que l’élève se construit lui-même à l’aide de l’accompagnement… L’élève est co-pilote des apprentissages, si non, il n’est pas élève (pilotage partagé du changement)….

 

La différence entre enseigner/éduquer

Enseigner c’est apporter des connaissances et savoir faire

Eduquer c’est développer des postures, des façons d’être

Une distinction à apporter : Entre action et projet

Le projet précise les visées qui donnent sens aux actions. Dans un système très contrôlé, il n’y a pas de projet possible, ni de travail d’équipe. Dans une logique de contrôle, les projets n’induisent pas des changements importants, car on ne contrôlerait plus rien.

Définition d’un projet d’établissement

Projet d’établissement = petit espace de liberté pour faire autrement. Dans un projet c’est aux acteurs locaux de prendre les décisions.

Le projet est une traduction locale de priorités nationales : valeurs, fondements. Un projet repose sur au moins une mission, une valeur de l’école. Un projet se réfère à des valeurs, si non, le projet est un simple programme d’activités. L’évaluation porte sur les valeurs.

La finalité du projet vise toujours l’amélioration de la qualité des apprentissages des élèves. L’évaluation du projet se fait en regardant ce que les élèves ont appris de plus grâce au projet…

Le projet d’établissement s’évalue, avec et à travers les élèves en leur demandant de dire ce qu’ils ont appris grâce au projet qu’ils n’auraient pas appris sans le projet. Les élèves  doivent donc connaître le projet de l’établissement.

Démarche de construction des projets d’établissement

  • Se mettre d’accord sur les concepts… (Par exemple : Faire cours pour faire le programme, ou encore pour faire en sorte que les élèves réussissent, ou encore faire cours pour que ceux qui ont du mal progressent. Ce sont trois éthiques  différentes qui se traduiront par trois projets… D’où la nécessité en amont de se mettre d’accord sur le cadre éthique sur lequel reposera le projet)
  • Se mettre d’accord sur les attendus. Choisir une capacité et une seule à travailler à travers le projet. Exemple : comprendre les consignes
  • Anticiper sur l’évaluation du projet.
  • Mettre en place un programme d’actions en référence aux valeurs visées : deux ou trois actions prioritairement centrées sur les élèves…
  • Evaluer le projet à travers la ou les capacités visées. Par exemple, si on choisit de proposer l’activité théâtre aux élèves qui ont des problèmes avec la langue, alors, on ne peut pas évaluer le projet sur la qualité de la représentation aux parents. Cette évaluation porterait sur la performance et non sur la capacité.

Repères pour l’évaluation des projets : Des critères pour parler de projet

  • Plus il y a d’actions, moins il y a de projet.
  • Impliquer les élèves dans le projet. Ils doivent pouvoir dire des choses sur la rédaction du projet… Pour être acteurs du projet.
  • De nouvelles pratiques pédagogiques et éducatives grâce au projet
  • Un plan de formation des enseignants prévu dans le cadre du projet (Une formation intra établissement)
  • Une valeur visée, explicitée, évaluée par l’intermédiaire de critères montrant le degré d’approche de la valeur et comment elle se traduit sur le terrain.
  • Des progrès des élèves sont prévus, attendus et explicités

Retour sur la stratégie

Ce mettre d’accord sur des compromis.

Mettre un glossaire partagé dans les équipes dans les documents présentant le projet d’établissement. Se mettre d’accord sur les concepts qui vont piloter les décisions. Mettre en évidence un positionnement conceptuel.

Le travail en équipe

Travail de groupes et travail d’équipe se définissent comme une  modalité proposée pour un apprentissage, une modalité pour réaliser une tâche.

Dans le cadre du projet on parle plutôt de travail d’équipe.

Les méthodes et démarches sont des moyens standards pour arriver à un but, des moyens utilisés par un apprenant ou un acteur pour arriver à ses fins.

Des « couples » à distinguer

Diriger et piloter

Diriger c’est poser des règles.

Piloter c’est prendre des décisions en fonction d’un cadre, prévoir des orientations qui donnent sens aux actions. Piloter c’est accompagner, prendre des risques…

Conformité et autonomie

L’autonomie réside dans la maîtrise des stratégies de changement par celui qui apprend.

Réformer et refonder

Réformer : Un changement en surface

Refonder : un changement en profondeur, changement de sens, de visées

Comment faire évoluer un système ?

a- choisir une entrée qui questionnera forcément les autres composants du système.

b- Etre  capable de dire où est son champ de compétences. Par exemples, les domaines de la psychologie ou de la communication…

Le changement dans l’école française

Ce qui est grippé dans le système français, c’est que tout le monde dit : « ceci on sait faire et on l’a toujours fait ». Ce qui est faux. Actuellement, la résistance du système est plus forte que le système lui-même.

Pourtant ceux qui font changer le système ce sont les acteurs du terrain, par des stratégies de petits pas… Mais, pas les textes venus du haut.

Concernant le fonctionnement de l’école

L’école a été créée pour lutter contre les inégalités ce qu’elle ne fait pas aujourd’hui. Dans cette perspective on pourrait envisager de :

  • Demander aux enseignants de prêter serment sur le principe d’éducabilité par exemple… Pour que tous soient au clair sur les finalités de l’école, du métier.
  • Faire jouer la solidarité : placer les professeurs les plus chevronnés dans les classes les plus difficiles,
  • Demander aux élèves les plus en situation de réussite, systématiquement, de faire un détour vers leurs camarades.
  • Evaluer les pratiques des établissements à travers les élèves : demander aux enfants ce qu’ils pensent apprendre avec tel ou tel enseignant.

Concernant la question des rythmes scolaires en premier degré

  • Sachant que la seule entrée valable pour questionner l’organisation scolaire est celle des élèves ;
  • Sachant que l’on observe que :
    • 1h de cours = 4,5 minutes de travail efficace.
    • Les moments importants de la journée sont : 45 minutes après 9h, avant le repas, après 16h l’après-midi.

Dans ce cadre la demi-journée à ajouter serait le samedi matin.

Pour la mise en place des activités péri-éducatives, pour préserver le sens et la cohérence des projets et des actions, le pilotage pédagogique  des compétences professionnelles multiples nécessaires pour ces activités serait à confier à la direction des établissements, aux équipes pédagogiques….

La question des moyens

La non réussite de l’école coûte plus cher que l’accompagnement qui pourrait être mis en place pour les élèves en difficulté… Ce n’est donc pas une question de moyens.

En Finlande l’argent passée au redoublement a été mis dans la formation à la différenciation…

La question du socle de compétence

Dans le socle tel qu’il est défini aujourd’hui, il n’y a pas de compétences parce qu’il y en a trop. Le socle pourrait se limiter à l’explicitation de 7 compétences pluridisciplinaires auxquelles  seraient associée une partie concernant les critères d’évaluation de ces compétences. Ce qui n’existe pas actuellement.

Définition

Créer c’est inventer du nouveau en explicitant le modèle dans lequel on se trouve, c’est faire autrement en restant dans la légalité

Des entrées (ou des niveaux d’action) de créativité :

  • Le modèle. Aujourd’hui le modèle dominant en France est plutôt celui de Durkheim contrairement à l’Amérique où le modèle dominat est : « tout le monde à sa chance », ou la Scandinavieoù le modèle dominant est : « Les élèves doivent s’éclater ». Si  refonder c’est changer les modèles, pour être créatifs les enseignants n’ont pas obligatoirement besoin de changer le modèle, ils doivent simplement l’expliciter.

Faire preuve de créativité c’est donner des réponses inédites dans le contexte où l’on est, c’est  s’appuyer sur les modèles en cours pour construire un modèle composite.

Lycée élitaire pour tous

  • Les modes. Les modes sont les grands principes qui organisent l’action, les écrits dans les lois. Par exemple : Mettre des enfants du même âge dans un même classe garantirait l’harmonie cognitive des élèves, ou les découpages en semaine, en période… globalement l’organisation du temps : modèle taylorien, ou encore ce qu’il faut contrôler ou évaluer (les connaissances, les techniques, regarder le degré de progression… sur des apprentissages annoncés ou non…) ou encore le conseil de classe. Les modes constituent un niveau d’action adapté pour exercer la créativité
  • Les modalités.Ce sont les pratiques mises en place par chacun, ce que chacun fait dans sa classe. Par exemples :
    • Les pratiques de différenciation : individualiser, proposer des parcours différents sur des bases identiques, personnaliser (Sur la base des styles cognitifs),
    • Mettre en place des groupes d’entre-apprentissage (visuels et auditifs qui ont des mises en œuvre différentes de stratégies),
    • Les pratiques d’autonomie,
    • Travailler par le jeu, faire du théâtre,
    • Le rapport au temps,
    • La façon d’accueillir les élèves…

Quelques leviers pour être créatif

Les leviers sont multiples. Les équipes les enseignants ont à se questionner sur les leviers choisis et la conduite du pilotage du changement prévu. Etre créatif c’est choisir un levier pertinent et une stratégie pour travailler.

La créativité prend tout son sens et montre toute son efficacité lorsqu’elle s’exerce sur des projets « verticaux » qui partent de la maternelle jusqu’au Bac +3, ou qui sont centrés sur la formation tout au long de la vie (projets autour de maîtriser la langue par exemple).

L’évaluation est sans doute le meilleur levier pour changer les modes (principes qui organisent l’action) et donc pour la créativité.

Les changements d’organisation des apprentissages constituent le levier le plus dynamisant pour s’ouvrir vers des pratiques pédagogiques créatives.


Piaget,  Réussir et comprendre, PUF, 1974

Piaget, La prise de conscience, PUF, 1974

Wermersch, L’entretien d’explicitation, Paris, ESF, 1994, Nouvelle édition 2007

Gérard DeVecci, Evaluer sans dévaluer, Profession enseignant, éditions Hachette, Juin 2011

Michel Develey, L’école, les savoirs et la culture

Michel Develey, Donner du sens à l’Ecole .Issy-les-Moulineaux, ESF éditeur, 6ème édition 2007. 120 p. (Pratiques et enjeux pédagogiques).

Antonella Verdiani,  Ces écoles qui rendent nos enfants heureux, Actes Sud, Septembre 2012

Edgar Morin : introduction à la pensée complexe, Paris, édition du Seuil, 1990

Edgar Morin,  Les  7 savoirs fondamentaux pour le monde de demain

Michel Serres : Le tiers instruit, Paris, Gallimard, collection Folio, 1991

Paul Ricoeur : Soi-même comme un autre, Seuil, 1990