Le décompte des pages écrites concernant les réformes en cours est difficile, entre les programmes, le socle commun, la réforme du collège, le plan numérique pour l’école, l’éducation morale et civique, le climat scolaire, la lettre de la rentrée, les parcours artistiques de l’école au lycée… Difficile de penser tout lire et difficile aussi de trouver de la cohérence entre tous les textes…

C’est donc par des questions que ce texte propose d’approcher le sens des réformes…

  • Doit-on parler de réforme ou de refondation ?

Il est sans doute préférable de garder le terme de refondation. En effet, ce terme apporte une rupture : des réformes, il y en a eu beaucoup, peut-être trop ; le choix d’une refondation laisse entendre que nous ne sommes plus dans la même logique et c’est ceci qu’il est intéressant de souligner dans les équipes… L’idée de refondation invite à lire avec un regard neuf les propositions de l’éducation nationale. Cette idée de refondation peut être source de motivation pour les équipes.

Il serait naïf et inutile d’essayer de se convaincre que les orientations de l’école sont aujourd’hui de l’ordre d’une refondation. Mais, par contre, il est important que nous restions dans une logique de questionnement des fondements, que nous lisions les textes, les directives ou propositions dans cette perspective.

C’est donc bien de refondation dont il est question…

Le management pédagogique de l’établissement, au-delà de la simple lecture et appropriation des textes,  se doit de viser la refondation…

La deuxième question émane souvent des équipes

  • Encore changer, encore prendre des initiatives, mais pour quoi faire ?

Actuellement le projet de l’institution scolaire (enseignement catholique et éducation nationale) est double :

  • Tout d’abord : Inventer une école mieux ancrée dans les problématiques d’aujourd’hui, une école qui donne sens, une école qui réponde à l’évolution des élèves et de la société, « réenchanter les savoirs en refusant de se résigner à leur perte de sens » propose Pascal Balman…
  • Le deuxième versant du projet est de : Porter, à l’école, une attention encore plus accrue aux plus faibles.

Ces deux projets, ces deux objectifs, reposent  sur des constatations : l’échec toujours plus massif des élèves en grande difficulté, la difficulté grandissante pour ces élèves à donner du sens à l’expérience scolaire, l’incapacité pour l’école de développer des comportements citoyens…

Ces deux objectifs intéressent l’enseignement catholique et doivent mobiliser les enseignants dans les établissements. Sans les culpabiliser et tout en valorisant le travail déjà accompli, souvent bien réel, il est indispensable de tout mettre en œuvre pour poursuivre la recherche de nouvelles solutions…

Alors, même si on a le sentiment d’avoir maintes fois remis l’ouvrage sur la table pour répondre à ces objectifs, (c’est sans aucun doute une réalité), il est essentiel d’aller débusquer ce qui reste à faire, les pistes nouvelles que suggèrent les textes et les programmes qui nous permettraient d’exercer nos libertés et notre inventivité pédagogique et éducative.

Voici quelques entrées repérées dans les textes pour exercer encore notre créativité :

  • l’interdisciplinarité,
  • la question de l’apprentissage et de l’évaluation des compétences,
  • le climat scolaire et la citoyenneté,
  • les TICE et l’esprit critique,
  • une centration sur les capacités à résoudre des problèmes et le développement d’activités réflexives de haut niveau
  • La revalorisation des activités d’expression : musique et théâtre en particulier
  • Les heures d’aide et d’accompagnement à revisiter

On comprend là, au vu de cette liste non exhaustive et pourtant déjà longue,  que le travail des équipes ne consiste pas à vouloir appliquer toutes les directives… Mais, à faire des choix de priorités.

Manager c’est aider à se donner des priorités… Se donner des priorités, c’est prendre ses libertés, c’est donner du sens à l’action, du sens aux réformes…

  • Comment approcher ces nouveaux textes dans une équipe ?

Premier élément de réponse :

  • L’approche des réformes repose sur une conviction : les objectifs professionnels explicités plus haut sont non négociables. Chaque enseignant a donc la responsabilité et l’obligation de tracer de nouvelles pistes, même si c’est sur un fond de déjà là. Remettre en question ces objectifs dans les équipes consisterait à ne pas répondre à ses propres engagements professionnels…

Deuxième élément de réponse :

  • L’approche des textes, au-delà d’une simple lecture et application, relève d’une stratégie qui consiste à trouver, en équipe, les défis qui seront des façons d’entrer dans les textes, dans quelques-uns des textes. Je cite quelques-uns de ces défis présents dans les orientations pour l’école :
    • Passer des projets pluridisciplinaires à une approche plurielle, interdisciplinaire, de questions ou problématiques essentielles pour comprendre le monde : « réenchanter les savoirs » ;
    • Au-delà de la technique d’animation pédagogique (travail de groupes), faire des interactions entre les élèves « des passages obligés et organisés pour la mise en place d’habitudes intellectuelles et sociales » ;
    • Faire évoluer la définition de la notion de compétence, aujourd’hui pensée en termes de savoir-faire elle sera demain conçue comme un « outil » pour permettre aux élèves de résoudre un problème, de comprendre les enjeux et la complexité du monde, dès la maternelle… Faire évoluer les objectifs d’apprentissage pour qu’ils deviennent de véritables enjeux intellectuels.
    • Dépasser l’apprentissage du vivre ensemble pour éduquer à la fraternité et à l’engagement : « réenchanter le nous, la relation, notre rapport au monde en développant une culture de l’engagement et de la responsabilité » dit Pascal Balmand ;
    • S’appuyer sur des stratégies de communication avec les familles pour cheminer vers des pratiques de co-éducation…

Sans doute y a-t-il d’autres défis (la liste ne peut pas être exhaustive…), mais, ces 5 défis sont très présents dans les textes de la maternelle au lycée…

Si chacune des équipes, chacun des enseignants peut dire que sur certains de ces défis il a avancé, travaillé, réussi… Impossible de dire que nous sommes très performants dans chacun de ces domaines.

Aussi,

  • Entraîner les équipes à débusquer et relever ces défis dans les nouvelles orientations pour l’école,
  • Orienter les équipes vers une prise en charge de l’un ou l’autre de ces défis pour éviter l’éparpillement et donner du sens aux projets,
  • Motiver les enseignants pour inventer, au-delà des simples directives, de nouvelles pratiques pédagogiques,

sont sans aucun doute des enjeux du management pédagogique pour cette année scolaire, pour que la refondation de l’école ne reste pas lettre morte, pour que les équipes donnent sens aux réformes.

 

Retenir l’idée de refondation, se donner des priorités pour inventer l’école de tous et d’aujourd’hui, débusquer en équipe des défis pédagogiques à relever … sont les trois conditions pour donner aux réformes tout leur sens…

 

Une lecture des programmes : ce qui change

Les éléments transversaux à débusquer, à travailler.

Le cycle 3